Projet achevé : Expansion des tests de diagnostic des résistances aux antibiotiques

Des chercheuses et chercheurs ont développé des nouveaux tests de diagnostic rapide qui détectent des agents pathogènes résistants aux antibiotiques.

De nombreux tests de diagnostic nécessitent des échantillons de sang (image symbolique).

Le diagnostic précoce de la résistance aux antibiotiques est essentiel afin d’optimiser leur utilisation, permettant ainsi de réduire la mortalité et de limiter les résistances émergentes. En pratique clinique quotidienne, les méthodes de diagnostic les plus utilisées à l’heure actuelle sont basées sur les tests microbiologiques. En effet, ceux-ci permettent d’identifier de manière fiable la présence de nombreux gènes de résistance dans des agents pathogènes. Patrice Nordmann et des scientifiques de l’Université de Fribourg mettent actuellement au point plusieurs nouveaux tests de détection des résistances aux antibiotiques. Ils se sont concentrés spécifiquement sur les bactéries multirésistantes difficiles à traiter et d’importance capitale en médecine humaine, en particulier pour ce qui est des agents pathogènes nosocomiaux tels qu’Enterobacteraciae , Acinetobacter baumannii et Pseudomonas aeruginosa . En outre, certains des tests développés pourraient également trouver des applications en médecine vétérinaire.

Choix de la méthode en fonction de l’agent pathogène

L’un des principaux objectifs des chercheurs était d’abréger le temps nécessaire pour la détection des résistances. Pour de nombreux tests courants, il s’écoule au minimum 24 heures entre le prélèvement de l’échantillon auprès des patient·es et l’obtention du résultat. Plusieurs des nouveaux tests développés par Patrice Nordmann et son équipe sont beaucoup plus rapides, les résultats pouvant être obtenus dans un délai compris entre 30 minutes et 3 heures. Ils y sont parvenus en adaptant spécifiquement la méthode de test à différentes bactéries.

Ainsi, certains des tests nouvellement développés reposent sur des méthodes biochimiques. Ils peuvent ainsi détecter des substances individuelles produites par certaines bactéries résistantes aux antibiotiques directement dans le sang, l’urine ou d’autres types d’échantillons. À titre d’exemple, l’un de ces tests identifie une substance nommée nitrocéfine, qui est produite par des bactéries résistantes aux antibiotiques amoxicilline et ß-lactamine à spectre étroit, dans des échantillons d’urine. Il peut donc être utilisé en tant que test de diagnostic sur le lieu de soins en présence d’une infection urinaire. Actuellement, les scientifiques travaillent encore à améliorer sa sensibilité (c.-à-d. sa fiabilité pour détecter l’agent pathogène recherché s’il est effectivement présent) avant de le faire évoluer vers sa commercialisation. D’autres tests développés dans le cadre du projet, qui détectent les bactéries résistantes aux antibiotiques Pseudomonas aeruginosa et Acinetobacter baumannii (résistance aux polymyxines) et certains Enterobacterales (Rapid ESBL NP, détection des ß-lactamases à spectre étendu) ont déjà reçu une autorisation de mise sur le marché.

Plusieurs tests ont reçu une autorisation de mise sur le marché

Les chercheurs sont également parvenus à mettre sur le marché plusieurs tests qui se basent sur des méthodes biochimiques ou de culture. Les bactéries sont d’abord isolées à partir des échantillons prélevés et placées sur un milieu nutritif dans lequel elles se multiplient rapidement. Si elles sont présentes en nombre suffisant, les bactéries elles-mêmes ou leurs métabolites peuvent alors être analysés, fournissant ainsi des informations relatives aux résistances. Les tests conventionnels utilisant cette méthode ont un temps de réalisation relativement long, mais de récentes avancées ont permis d’accélérer considérablement la multiplication de nombreuses espèces bactériennes à l’aide de nutriments qui leur sont spécifiquement adaptés.

L’équipe a connu moins de succès avec les tests reposant sur des procédures immunologiques. Ceux-ci se basent sur des anticorps et des antigènes artificiels qui se lient exclusivement à des sites très spécifiques d’un agent pathogène. Si cet agent pathogène est présent dans un échantillon de sang ou d’urine, par exemple, une réaction correspondante sera observée. Cependant, les anticorps testés par les chercheuses et chercheurs n’étaient pas suffisamment spécifiques, puisque les tests donnaient trop souvent un résultat positif alors que la bactérie résistante aux antibiotiques recherchée n’était en réalité pas présente dans l’échantillon.

Dans l’ensemble, avec plusieurs nouveaux tests de diagnostic déjà disponibles pour une utilisation clinique, le projet a connu un succès considérable. Patrice Nordmann et son équipe apportent ainsi une contribution majeure à l’amélioration des thérapies et à l’utilisation plus ciblée des antibiotiques. Leurs tests contribueront au bon usage des antibiotiques, l’un des pivots de la stratégie de contrôle des antibiorésistances, et permettront de dépister rapidement les porteurs de bactéries multirésistantes afin de limiter leur propagation dans les établissements de santé.

État : Mai 2022